Situé sur le plateau qui porte le même nom, surplombant la vallée, le monastère de Ganagobie classé monument historique, contemple paisiblement mais fièrement la Durance. Véritable lieu de méditation au charme certain, l’esthétique de ce bel endroit ne laisse personne indifférent.

Fondée au Xe siècle par l’évêque Jean II de Sisteron et rattachée à Cluny peu de temps après son achèvement, l’église sera agrandie à sa dimension actuelle au XIIe siècle. Une partie des bâtiments sera détruite lors de la Révolution Française. Cédée aux bénédictins au XIXe siècle, qui en restaurent alors les parties détruites (cloître et réfectoire), c’est à cette époque que les mosaïques sont mises à jour. Au milieu du XXe siècle une route goudronnée facilitera l’accès depuis la route dans la vallée et les travaux de restauration se poursuivront jusque dans les années 1990.

Thibaut Vergoz

Le travail de la pierre

Le patient travail de la pierre par la communauté de moines bénédictins a transformé ce lieu en un véritable havre de paix, indifférent au temps qui passe. Le monastère se visite aujourd’hui dans son aile ouest.

Thibaut Vergoz

L’église romane, dotée d’un remarquable portail ; l’abside, pavée d’une mosaïque romane d’inspiration orientale et le cloître, bijou d’art roman du XIIème siècle, donnent son statut d’exception à ce site verdoyant.

On peut visiter l’église qui renferme la mosaïque du XIIème siècle tous les jours de l’année, été comme hiver, de 15h à 17h, sauf le lundi. Messe le dimanche à 9h. “L’allée des Moines” qui conduit au rebord Est du plateau surplombant la vallée de la Durance, offre un beau panorama. De belles promenades sont possibles autour du plateau.

Joyaux d’architecture

Mosaïques

Le monastère est réputé pour ses mosaïques médiévales du XIIe siècle situées dans l’abside centrale de l’église. D’une surface de plus de 72m² et d’une qualité artistique exceptionnelle par leurs motifs (éléphants, guerriers viking, cataphractaire asiatique, animaux fantastiques..), ces mosaïques polychromes aux multiples influences constituent un véritable joyau de l’art roman. Unique en France !

Vitraux

Quand vous entrez dans l’église, quelque chose retient votre attention, mais vous ne savez pas quoi immédiatement. Il y a quelque chose de spécial dans l’atmosphère, l’ambiance du lieu. Vous devinez ? Les couleurs ! En effet, les vitraux de l’église abbatiale diffusent une lumière particulièrement colorée. Il s’agit de vitraux réalisés par le Père Kim En Joong, artiste contemporain coréen, reconnu dans le monde entier.

Des fouilles archéologiques menées dans les années 1960 ont révélé que les murs de l’église étaient équipés de vitraux colorés. Mais depuis la Révolution, et jusqu’en 2006, de simples vitres en verre équipaient les murs de l’église. Pour rendre à l’abbatiale sa jeunesse pleine de couleur, les moines ont fait appel au Père Kim En Joong. Soyez attentifs à chaque vitrail car ils ne sont faits que d’une seule pièce !

Un artiste prêtre

Né en 1940 à Booyo en Corée du Sud, le Père Kim En Joong est moine dominicain. Après des études à l’école des Beaux Arts de Séoul, il découvre le catholicisme en 1965. Baptisé en 1967, il s’installe en Europe en 1969 et est ordonné prêtre en 1974. Aujourd’hui, il est un artiste reconnu dans le monde entier. Il expose dans les plus grandes galeries, réputé pour ses réalisations aux motifs abstraits et particulièrement colorés.

Tympan

L’entrée de l’église du Xe siècle laisse admirer son porche et son superbe tympan. Le portail est agrémenté d’arc brisé, festonné empreint du même style mozarabe que les mosaïques. Au centre du tympan trône un Christ entouré des quatre évangélistes tandis que les douze apôtres apparaissent sur le linteau du bas-relief.

Cloître

Datant de la fin du XIIe siècle, alternant le clair et l’obscur, il est de construction basse, ramassée, et est situé au sud de la nef de l’église. A l’exception des journées du Patrimoine, le cloître ne se visite pas. Toutefois, on peut l’apercevoir depuis l’intérieur de l’église. Symbole de la vie monastique, il est le seul cloître roman à subsister pour le département.

Le cloître est un bijou dont on a qu’une vision partielle par des baies vitrées ouvrant sur la nef et la branche sud du cœur. Ce cloître roman est un chef-d’œuvre de grâce et de simplicité, mais offre tout de même des colonnes et chapiteaux finement ouvragés. Il ouvre par deux arcs larges et deux baies géminées sur chaque côté. Les galeries sont couvertes de lauzes d’une belle épaisseur. Les chapiteaux sont ornés de bâtons brisés et de feuilles stylisées et sculptées à plat. L’un porte un décor de masques humains. En son centre, le jardin reprend la végétation sèche qui habille tout le plateau du site de Ganagobie.

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